Aucune perturbation sur le réseau TPF

Le valeureux Funiculaire

Le 4 février 1899, Fribourg inaugurait son funiculaire. Désormais classé monument historique, il reste une curiosité et un symbole de Fribourg. Les TPF, qui en assurent l’exploitation depuis 1970.

Fribourg aux XIXe et XXe siècles

Après l’arrivée du chemin de fer à Fribourg,
en 1862, son centre économique se déplace
vers la gare. La Basse-Ville héberge alors les
ouvriers et leurs familles, nombreuses. Ses
quartiers populaires et souvent pauvres rassemblaient
près de la moitié des habitant·es
de la ville.
Les industries, elles, s’installent sur le futur
plateau de Pérolles et autour de la gare. Elles
y sont alimentées en énergie par le barrage
de la Maigrauge, construit en 1872.

Au moment de sa construction, le funiculaire
est imaginé pour transporter la population
ouvrière de «la Basse» vers les chantiers et
ces industries toujours plus nombreuses sur
les hauts de la ville.

Le "Funi" et la Brasserie du Cardinal

Parmi les initiateurs du funiculaire Neuveville – St- Pierre, on trouve Paul-Alcide Blancpain. Horloger à la retraite, il avait repris une brasserie en faillite, située à la Neuveville. Sous sa houlette, elle deviendra la fl eurissante Brasserie du Cardinal. À l’étroit dans ses murs de la Basse-Ville, celle-ci s’installe à proximité de la gare en 1904. À côté de ses activités brassicoles, Paul-Alcide Blancpain a été l’un des promoteurs des transports publics de la ville de Fribourg. Il se trouvait notamment parmi ceux qui se sont mobilisés pour la réalisation du tramway. La Brasserie du Cardinal a assuré la gestion du funiculaire Neuveville – St-Pierre de 1901 à 1965.

Une aventure intergénérationnelle

L’histoire de la famille Blancpain raconte que c’est sur l’idée de Paul Othon, fi ls de Paul-Alcide, qui voyait chaque jour les ouvriers monter difficilement la rue de la Grand-Fontaine, que le funiculaire a vu le jour.

Découvrez-en plus sur cette aventure familiale avec le témoignage de Loïc Blancpain, arrière-arrière-petit-fi ls de Paul-Alcide Blancpain.

Et apprenez-en davantage sur l’histoire du funiculaire et de la Brasserie en visitant le SwissBierMuseum.

Parmi les sept derniers funiculaires à contrepoids d'eau

La grande particularité du funiculaire Neuveville – Saint-Pierre, c’est qu’il est l’un des sept derniers funiculaires à contrepoids d’eau d’Europe. À la fin du XIXe siècle, ce système avait été choisi par souci d’économie, d’indépendance et de régularité. Comme la Société des eaux et des forêts de la ville ne pouvait pas garantir un approvisionnement en eau courante suffisant pour que le funiculairecircule de manière régulière, il fonctionne… aux eaux usées!
C’est, à notre connaissance, le seul au monde. Ce qui en fait aussi un champion en matière d’énergie renouvelable bien avant l’heure!

Le saviez-vous?

Le «funi» est composé d’une partie
visible et d’une autre invisible.
Découvrez-les en images!

Les "gros services"

Chaque année en septembre, le funiculaire est mis à l’arrêt pour deux ou trois semaines. L’équipe responsable de son entretien démonte alors entièrement ses freins pour contrôler l’état de toutes les pièces. Tous les six ans, les voitures sont extraites des rails et s’en vont par camion rejoindre les ateliers de Doppelmayr-Garaventa, près de Thoune. Toutes les pièces de sécurité, notamment les essieux, les tambours et les bandes de frein, sont soumises à un examen par ultrason pour détecter d’éventuelles fi ssures, ce qui n’est pas possible sur site. Le funiculaire est en effet un transport à câble, régi par la même législation et les mêmes obligations que les télécabines et les téléphériques.

Remise à neuf

La rupture d’un essieu, en 1996, a bien failli porter un coup fatal au «funi». Au total, 9000 heures de travaux ont été nécessaires pour le restaurer. La majorité a été réalisée par l’entreprise Von Roll, celle-là même qui avait fabriqué le funiculaire à la fi n du XIXe siècle.
De nombreuses pièces propres à l’infrastructure ont dû être fabriquées exprès, notamment les rails qui présentent un profi l particulier. Des recherches ont été réalisées pour retrouver les alliages aussi proches que possible des matériaux d’origine. Quant aux voitures, elles affichent à nouveau leur couleur verte d’origine, réalisée comme en 1898 à base d’huile de
lin. Elles étaient passées au rouge dans la deuxième partie du XXe siècle, sans qu’on
sache pourquoi. Seules les stations n’ont pas retrouvé leur allure Belle Epoque. Une intervention des années 1960 avait notamment fait disparaître les éléments en bois et les pierres sur les façades, propres à l’architecture Heimatstil. Les changements étaient irréversibles.

Sauvé grâce au soutien populaire

En 1996, l’essieu d’une des deux voitures se rompt. Le funiculaire est mis à l’arrêt. Des discussions sont lancées autour de son avenir. Faut-il l’électrifier? L’automatiser? Ou même, le remplacer par une installation moderne? Les Fribourgeois·es se mobilisent, notamment celles et ceux des quartiers voisins et de la Basse. Une association de soutien est créée et lance une pétition en faveur d’un sauvetage et d’une restauration. Elle récolte plus de 4800 signatures. La ville et ses autorités prennent conscience que le «funi» est bien plus qu’un rescapé de l’industrialisation et qu’il est un élément identitaire fort pour les habitant·es.

Un trait d'union pour la ville de Fribourg

L’attachement pour cette machine hors du temps est également partagé par le personnel des Transports publics fribourgeois (TPF), qui le conduisent ou le bichonnent, pour certains, depuis de nombreuses années.

Quelques inconditionnel·les l’empruntent chaque jour ou presque. Retrouvez leurs témoignages.

Découvrez le récit de Marcel Gauch, agent du funiculaire depuis de nombreuses années.

L'histoire d'un voyage

Voici comment fonctionne le funiculaire à contrepoids de Fribourg: la voiture qui descend, chargée en eaux usées, tracte celle qui monte à l’aide d’un câble. Des agents des Transports publics fribourgeois (TPF) assurent le bon fonctionnement de ce mécanisme. Ils travaillent toujours par deux, un à la tête de chaque voiture. À chaque voyage, le conducteur qui se trouve dans le véhicule du haut gère la quantité d’eau à faire entrer dans son réservoir pour que le système de contrepoids fonctionne.

Le saviez-vous?

7 personnes en haut et 20 en bas? Au contraire, 15 et 3? Le personnel de conduite des TPF s’assure, à chaque trajet, que le jeu de contrepoids fonctionne et évite que les voitures ne s’arrêtent au point d’équilibre.

Secret de jouvence d'un plus que centenaire

Le funiculaire circule grâce à sa mécanique d’origine. Et, il y a 125 ans, les roulements à billes n’étaient pas encore répandus dans l’industrie du transport. Entre les essieux en fer et les douilles en bronze du funiculaire, un film de graisse est nécessaire. Les mécaniciens sont aux petits soins deux fois par semaine – généralement les lundis et les jeudis– pour s’assurer que les rouages soient bien huilés et que rien ne se grippe. Une fois par mois, le double réservoir de 150'000 litres, qui stocke les eaux usées sous la place Georges-Python, est vidé et nettoyé après la fermeture du soir. Le remplissage par les eaux usées se fait à nouveau durant la nuit.

Le funiculaire et la Motta

Dès son lancement, le funiculaire aurait pu justifi er son existence grâce à la saison des bains. L’ancien «Badstube», devenu «Bains du Rütli», changea une nouvelle fois d’enseigne pour prendre le nom de «Bains du funiculaire». Ils faisaient face au Café du funiculaire, toujours
en activité. Dès 1923, la piscine de la Motta accueille les amatrices et les amateurs de natation et de pause balnéaire. Aujourd’hui, c’est grâce aux baigneurs et aux nageuses que le funiculaire atteint ses pics de fréquentation. En juillet 2023, 1892 personnes ont été transportées en une seule journée de canicule

Monument historique fédéral

Durant la période qui a précédé la restauration de la fin des années 1990, le Service des biens culturels du canton de Fribourg propose au propriétaire, les Transports fribourgeois, la mise sous protection du funiculaire, ce qui rendra possible le subventionnement des travaux. Lors de la remise en circulation du funiculaire, en 1998, l’installation a fi nalement été promue monument historique fédéral.

Le "Funi" en images